Outils pour utilisateurs

Outils du site


memoire_en_reponse:debut

Mémoire en réponse présenté par le CCCE

mars 2017

Pour plus de détails :

Il est à noter que nous n’avons pas accès à une partie du dossier de demande d’exploiter (pages 1 à 16 et pages 48 à 108 incluses).

Les nuisances

Deux cents personnes résident autour du site de la carrière de Trévadoret (La Ville es Vieille, Trévadoret, La ville es Métayers, Caralo, le Grano, Les trente chênes pour les plus proches), soit environ un tiers de la population de la commune.

Ces personnes seront les plus touchées par ces nuisances, mais les personnes résidant plus loin le seront également.

Le bruit

Plusieurs éléments seront générateurs de bruit :

  • le forage en préparation des tirs de mine,
  • la sirène prévenant le tir,
  • le tir de mine lui-même,
  • le concassage
  • le trafic des engins et camions,
  • les sirènes de recul des camions.

Pour les personnes touchées, ce sera un véritable cauchemar.

Les vibrations

Les tirs de mine seront source de vibrations, avec potentiellement apparition de fissures sur les habitations et dans la roche même, avec risque de formation de faille et de mélange des eaux usées en décantation avec différentes nappes phréatiques.

La poussière

Cette activité engendrera une grande quantité de poussières (page 226 du dossier de la demande d’exploiter).

Leur retombée sera source de gènes pour les personnes et auront une incidence évidente sur leur santé. Mais le bétail et les plantations autour du site seront également touchés.

L’émanation de poussières sera permanente.

Elle sera due notamment aux tirs de mine, avec projections de roches sur certaines habitations et exploitations agricoles (page 45), aux opérations de chargement et déchargement des matériaux, aux opérations de forage.

La circulation des engins et des véhicules et la surface dévégétalisée de la zone d’extraction (gisement à nu) seront également sources de poussières.

Et bien entendu, et de manière permanente, le fonctionnement de l’unité mobile de transformation et l’existence d’une zone de stocks de granulats s’ajouteront à la production de ces poussières.

La pollution atmosphérique

Le radon, dont la toxicité n’est plus à démontrer, est un gaz radioactif qui se forme par mutation de l’uranium contenu dans le granite. Ce gaz se trouve libéré lors des tirs de mine et du concassage. Il sera ensuite inhalé par la population locale et les animaux. La question n’est nullement abordée dans le dossier.

Les gaz d’échappement des véhicules et engins d’exploitation, le fonctionnement du groupe électrogène seront sources de pollution : oxyde d’azote, dioxyde de carbone, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, particules fines de combustion (page 232). Là aussi, l’incidence sur la santé n’est pas anodine.

Les camions

Le passage des camions augmentera les nuisances et toucheront toutes les personnes sur le passage de ces derniers :

  • habitations proches de la route (bruit, pollution, poussière, vibrations)
  • utilisateurs des axes routiers concernés par le passage des camions

Le passage des camions n’est absolument pas sécurisé sur les petites départementales qu’ils devront emprunter, surtout à une telle cadence (14 à 18 passages par jour, soit un camion toutes les 20 à 30 minutes). C’est énorme.

Lors de la réunion publique du 4 mars, une personne âgée riveraine a pris la parole. Son témoignage est édifiant et son désarroi bien réel. Elle disait que son mari qui ne voyait plus bien, et avait du mal à se déplacer a l’habitude de marcher un peu le long de la route pour s’entretenir. Elle était angoissée à l’idée qu’il ne pourrait plus sortir de chez lui sans risquer de se faire écraser par un camion. Leur maison se situe sur le trajet des camions.

Les enjeux économiques et touristiques

Les emplois

Dans la page 312 du dossier de demande d’autorisation il est noté : « cette activité génèrera 2 emplois directs sur site ». Or il s’agit d’emplois qui existent déjà, et non de création. Nulle part, il n’est fait mention des emplois qui allaient disparaître de par l’ouverture de la carrière :

  • emplois liés au tourisme : 1 gîte sur Trévadoret, 1 gîte en face du stade, 1 gîte dans le bourg pour les gîtes les plus proches du site, 1 chambre et table d’hôte, centre équestre dans le bourg de Cruguel (le tout à moins de 1,5 km)

* emplois agricoles : une exploitation limitrophe à la carrière (à « La Ville es Vieille »), les camions traverseront son exploitation, et une sur « La Ville es Métayers » (hameau situé à 375m, mais pâtures plus proches), une exploitation de maraîchage en permaculture (1 km du site). Entre autres incidences, le ramassage du lait se trouvera perturbé.

Par ailleurs, il est bien mentionné, page 175, que « Les abords du projet sont composés essentiellement d’espaces agricoles : cultures et pâtures. ».

Comment serait-il possible qu’il n’y ait aucune incidence sur les cultures et les pâtures et par conséquent ce que mangent les bêtes concernant les poussières émises, dont des particules fines ? Sans compter les potagers (le premier hameau se situant à 150m, dans la zone d’exposition à des projections de roche p.45) et cultures maraîchères dans un environnement proche.

De même, le travail des exploitations agricoles toute proches « La Ville es Vieilles » et « La Ville es Métayers » sera obligatoirement affecté par les minages (se mettre à l’abri, stress des animaux et des personnes…), l’émission de poussière (pâtures, particules fines respirées), le passage des camions…

Le tourisme

Le choix de Cruguel a été motivé par un : « contexte favorable du fait de l’absence de zones à fort attrait touristique dans le secteur du projet » p.310.

Or, sur Cruguel, des professionnels du tourisme existent : 1 gîte à Trévadoret, 1 gîte et 1 chambre et table d’hôte au niveau du stade, 1 gîte dans le centre bourg (à moins de 1,5 km de la carrière). De quoi vivront ces personnes désormais ?

Les personnes qui viennent séjourner dans la région recherchent avant tout le calme, apprécient de se promener (à pied, à cheval, à vélo…) dans nos campagnes. Pour preuve, les circuits de randonnée valorisés dans le secteur, circuits dont certains passent tout près de la carrière (voir pages 128 à 130).

Le circuit des Moulins passe à moins d’1 km du site de la carrière. Le Circuit vélo n°33 passe à Trévadoret et « La Ville es Vieille » en « longeant les flancs ouest et sud du projet. … les véhicules se rendant au site de Trévadoret et les cyclistes seront amenés à emprunter les mêmes axes routiers sur une petite partie du parcours du circuit (environ 330m). ». Les mesures présentées pour réduire les risques des cyclistes se bornent à la présence de panneaux informatifs (page 255). C’est ridicule !

A quoi cela sert-il d’être «  Commune de Patrimoine rural de Bretagne » s’il nous est impossible de promouvoir notre patrimoine faute de touristes ? C’est pourtant un des engagements des communes ayant ce label.

Allons-nous offrir un casque et un masque comme cadeau de bienvenue aux touristes ?

photos prises à Trévadoret

La dépréciation des biens

Les biens situés dans le bourg vont subir (et subissent déjà) une dévaluation de l’ordre de 30%. Les habitations sur les villages proches de la carrières sont désormais invendables.

Le témoignage d’un habitant de Trévadoret est significatif de la situation (témoignage recueilli lors de la réunion publique du 4 mars). Il a appelé l’agence immobilière qui s’occupe de la location et de la vente de ses biens (maisons). Cette dernière lui a répondu que pour l’instant, il n’était plus question de vendre ni de louer dans ce secteur.

Certaines personnes ont épargné toute leur vie pour une petite maison au calme et à la campagne. Maintenant, on leur dit que leur vie ne vaut plus rien !

Lors du dernier conseil municipal (9 mars 2017), la municipalité a regretté le déficit du lotissement des Hirondelles de Cruguel. En effet, une seule parcelle a été vendue en 2 ans, et le lotissement coûte actuellement à la commune. Comment peuvent-ils s’en étonner ? et espérer en vendre d’autres ?

La qualité de l’eau

« L’autorité environnementale recommande de présenter des modalités de suivi des ouvrages (puits, forages) utilisés à proximité du site afin de s’assurer de l’absence d’impact de la carrière sur leur alimentation » page 7 de l’avis de l’autorité environnementale (18 novembre 2016).

L’entreprise « Les matériaux de l’Oust » a recensé sept ouvrages dans un rayon de 2 km (page 150). Il est curieux qu’aucun des puits du bourg de Cruguel, situé à moins de 2 km, n’apparaissent sur cette liste. Parmi nos membres, deux en possèdent un à moins de 2 km. Combien d’autres ont été ignorés ?

Les puits recensés sont à usage domestique ou agricole (censée être bue par le cheptel).

Pages 212 et 213, la société estime que « Ces puits ne devraient pas être impactés par la future exploitation. » et que par conséquent, aucune mesure de suivi ne sera mise en place. C’est inacceptable !

Les tirs de mine

« Lors d’un tir, les vibrations qui se propagent dans le sol sous forme d’ondes peuvent ébranler ou endommager les ouvrages, les constructions, et indirectement constituer un danger pour les personnes. » page 35

Il y a donc danger pour les personnes, mais il n’a pas été évalué, de quel ordre est-il ? et malgré tout on fait courir ce danger aux habitants ou personnes passant dans le secteur : habitation, promeneurs…

Il y également possibilités de fissures sur les habitations et donc fragilisation de l’ensemble. Colmater ou cacher une fissure ne renforce pas la construction, surtout si celle-ci part des fondations.

Qu’en est-il des personnes qui n’auront pas les moyens de faire constater par un huissier leur habitation avant exploitation de la carrière ? C’est encore les personnes les plus fragiles qui seront un peu plus lésées. Les biens immobiliers subissent déjà une dévaluation de leur valeur.

Page 44, il est même ajouté que « …les projections susceptibles de constituer un danger lors de leur retombée atteignent une distance par rapport au point de mirage n’excédant pas 400m. »

Il y a donc bien danger pour les personnes, et dans la limite de 400m. Cela augmente donc le nombre de personnes en danger, et non plus uniquement ceux de la « Ville es Vieille » comme le montre la carte page 45 du dossier mais également ceux ceux de la « Ville es Métayers », de Trévadoret et du Granno (page 124).

Cruguel est située sur une faille sismique, comme l’a démontré le tremblement de terre subi en février dernier.

Il en est fait mention page 36 : « Ces contrôles systématiques permettront d’analyser plus précisément le système de faille présent au droit de site… »

L’onde de choc due aux tirs se propagera sur tout le plateau granitique où Cruguel et d’autres villages se trouvent, y compris aux édifices classés comme appartenant au patrimoine architectural de Bretagne. Cruguel et Guéhenno possèdent le label « Commune de Patrimoine Rural de Bretagne ».

Quel type de contrôle sera mis en place, et quel regard pourrons-nous avoir sur celui-ci ?

Activité de concassage

Page 310 du dossier, il est dit que : « L’exploitation sur site, autorisée initialement jusqu’en mars 2012, a montré un gisement de bonne à très bonne qualité »

Or, c’est faux. Des professionnels de la pierre affirment le contraire.

D’ailleurs, si c’était vraiment le cas, pourquoi prévoir une si grande activité de concassage sur site pour en faire des granulats et du sable ?

Les particules

Page 36, « Au vu de ces calculs, on constate que l’utilisation des charges… permet de respecter les seuil réglementaire de 10mm/s des vitesses particulaires pour l’ensemble des habitations. »

Autrement dit, il y aura bien des particules à tomber sur les habitations. Comment vérifier leur vitesse qui dépend aussi du vent…

Au-delà de leur vitesse, qu’en est-il de leur taille ? Selon des témoignages lors de l’ancienne exploitation de la carrière, ce sont des blocs de granite qui tombaient dans les jardins. « Tous aux abris ! »

Le trafic

« Bien que les augmentations de trafic générées … ne soient pas négligeables, on rappellera que ces axes de circulation sont suffisamment dimensionnés pour accepter ces augmentations » page 37.

Les camions doivent notamment emprunter les D123, D126 et D160. Ces axes ne sont pas dimensionnés pour assurer un tel trafic. La largeur de ces axes mesure moins de 4m et ne peuvent donc permettre à un véhicule, quel qu’il soit, de croiser un camion de 38t.

Leurs bas-côtés de ces axes sont meubles, bordés de fossés. Il y a donc impossibilité pour les véhicules les croisant de se ranger.

photo voie communale n°106

Un petit camion passe déjà tout juste.

De plus, la D123 (de Guégon à Guéhenno) passe devant le Manoir de Lemay (monument classé et fragile). Les camions génèrent également un bon nombre de vibrations.

C’est également le cas de la RD160 (Guéhenno-Cruguel) ou du bourg de Cruguel qui sera traversé pour aller vers Sérent. Rien dans le dossier ne nous garantit que les camions ne passeront pas dans le bourg de Cruguel, et donc par conséquent devant l’école. Quelle sécurité pour les enfants se rendant à l’école ou rentrant chez eux ?

Qu’en est-il de l’usure des routes ? Dixit M. Ribouchon (conseil municipal du 15 février 2017) : « Le passage d’un camion de 36 t. équivaut au passage de 40 000 voitures. » Faut-il donc ouvrir des carrières pour réparer les routes abîmées par ses camions ? C’est sans fin.

Besoin en granulats et sable

« Il existe incontestablement un besoin de matériaux de viabilité, produits élaborés à l’aide de roches dures…qui ne supportent pas un transfert de plus de 50 km. » nous affirme-t-on page 312.

La Bretagne est plus qu’auto-suffisante en production de granulats et sable.

La région à 50 km autour de Trévadoret compte déjà un grand nombre de carrières : plus de dix communes dont certaines possèdent plusieurs carrières sur leur territoire (Bignan, Elven, Grand-Champ, Mauron, Monterblanc, Moréac, Naizin, Plumelec, Plumelin, Radénac, St Nolff, Sérent…) d’après un document « Les mines et les carrières » émanant du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des transports et du Logement.

De plus, sur le site de l’ICEM, il est effectivement précisé que :

« Le granulat étant un produit pondéreux, il ne supporte pas un transport sur de longues distances, d'où la nécessité d'avoir un réseau de carrières qui couvre harmonieusement le territoire de façon à répondre à la demande de la clientèle à des conditions économiques acceptables. »

Quel est donc ce besoin soi-disant incontestable d’ouvrir une carrière supplémentaire ?

Le granit est maintenant reconnu comme une ressource épuisable, et donc non renouvelable. Allons-nous épuiser cette ressource ? Qu’allons-nous laisser aux générations futures ? Il serait peut-être temps de repenser notre façon de vivre afin de sauvegarder le potentiel de notre planète.

Page 312 toujours : « Les activités d’extraction…permettront de répondre aux besoins de collectivités du département, aux besoins des communes limitrophes, aux besoins des principales agglomérations du secteur, aux besoins des entreprises locales de bâtiments et travaux publics, aux besoins des centrales à béton, aux besoins de la clientèle privée. »

Quels sont donc ces besoins ? des routes encore, construire des édifices, bétonner encore au détriment des terres agricoles, augmenter le risque d’inondations dues à l’imperméabilité des sols provoqués par le bétonnage excessif…

Dans la « Charte des Communes de Patrimoine Rural de Bretagne » page 10, il est demandé que les bâtiments (privés et publics) soient restaurés en tenant compte du caractère architectural d’origine, et d’utiliser de la chaux et non du ciment. « Les enduits au ciment sont à proscrire totalement. » Beaucoup de communes environnantes possèdent ce label ou celui de « Petite cité de caractère » (Guéhenno, Lizio, Josselin). Quels sont donc les besoins réels ? Pourquoi parle-t-on d’activité traditionnelle alors que notre patrimoine architectural traditionnel n’utilise pas de ciment.

En résumé

Ce projet d’exploitation de carrière s’inscrit dans une démarche uniquement marchande au détriment de la qualité de vie de plusieurs centaines de personnes et de le préservation de nos ressources naturelles.

L’exploitation de la carrière est prévue sur 30 ans, à raison de 40 000 à 50 000 tonnes par an. La carrière occupe une surface de 34 980 m2 dont 19 060 m2 en extraction (page 25).

Trente ans et 40 000 tonnes, c’est énorme. 19 060 m2 de zone d’extraction semble bien peu en regard des objectifs visés.

Un projet d’extension serait-il déjà envisagé ?

CCCE
le 11 mars 2017

memoire_en_reponse/debut.txt · Dernière modification : 14/03/2017 08:44 de webmestre

Outils de la page